Monday, February 22, 2010

Aux grands maux les grands remèdes. Dr. Webster Pierre, ancien ministre de l’environnement.

Les grands maux.

Les raisons fondamentales de la vulnérabilité et de la fragilité d’Haïti sont de plusieurs ordres :
naturel et physique, politique, socio-économique, institutionnel et légal. Fragilité à mettre au
compte de la majorité des élites irresponsable, corrompue et corruptrice.



. D’ordre naturel et physique.


Les risques de désastres, courus par Haïti, sont liés à sa position géographique et à son histoire
géologique. Entre juin et novembre, ce pays situé dans la zone des cyclones a été maintes fois
frappé par ceux-ci. Ce pays est situé dans une zone sismique entre deux plaques tectoniques, plus
précisément à la frontière entre les plaques des Caraïbes et nord’américaine. La ligne de faille
longue de 300 km, qui traverse Haïti et la République dominicaine, court le long des deux
plaques tectoniques qui coulissent l’une contre l’autre depuis plusieurs millions d’années. En fait
de séisme dévastateur, Haïti n’en avait pas connu de l’importance de celui du 12 janvier, depuis
ceux de 1751 et 1770 (Port-au-Prince, déjà) et celui de1842 qui détruisit la ville du Cap-Haïtien.



Ce fut un séisme de glissement sur un plan horizontal entre deux plaques terrestres et, de ce fait,
plus redoutable. Sa particularité, en fait de l’ampleur des dégâts, n’est pas sa magnitude (7.3)
mais le fait qu’il ait lieu dans une zone très fragile et vulnérable: forte densité de la population,
faiblesse des infrastructures et des moyens de secours….

Les scientifiques sont unanimes dans leur mise en garde contre le risque d’un nouveau séisme
d’importance en Haïti, conséquence du séisme du 12 janvier.



Une équipe de géophysiciens, qui surveille les mouvements le long de la ligne de faille, est venue
sur place à la fin du mois de janvier pour mesurer les changements survenus dans l’écorce
terrestre après le séisme. Une pression croissante s’exerce sur la ligne. La faille qui a rompu n’a
pas rompu entièrement. Les contraintes sismiques n’ont donc pas été relâchées entièrement. Ainsi
on doit s’attendre à un ou plusieurs séisme(s) dévastateur(s) dans les prochains mois ou années.
Ce que confirme l’Institut américain d’études géologiques (USGS).

Les calculs préliminaires de l’équipe de sismologues dirigée par Eric Calais, professeur de
géophysique à l’université Purdue dans l’Indiana, montrent que le séisme du 12 janvier pourrait
être “le petit coup de pouce” capable de déclencher un autre tremblement de terre. Selon Pascal
Bernard et Jean-Pierre Vilotte, chercheurs au laboratoire de sismologie de l’Institut du Globe de
Paris : Le 12 janvier, un seul petit morceau de faille a cédé et dans un an ou quelques dizaines
d’années se produira un séisme de magnitude égale ou supérieure, encore plus proche de Port-
au-Prince. Certes, Haïti est vulnérable et fragile, mais Port-au-Prince l’est encore plus.



. D’ordres politique, socioéconomique, institutionnel et légal. (Voir les chapitres
3 et 4 du livre du Dr.Webster Pierre, paru en novembre 2009: Le pari d’un espoir
pour Haïti).




Les grands remèdes: Changer l’Etat en construisant Haïti sur le modèle du Fédéralisme.



Après le séisme du 12 janvier, rien ne sera plus comme avant. L’écroulement des institutions
d’Etat porte à la méditation (qui a été jamais d’accord pour mettre tous ses oeufs dans un même
panier?) et augure d’une réelle fondation de la nation. L’immensité de la vulnérabilité et de la


fragilité du pays face à l’immensité de l’irresponsabilité, de l’hypocrisie de la majorité des élites
et au caractère endémique de la corruption commande l’urgente nécessité de sa décentralisation
effective. Compatriotes avertis, rejetez avec force, aujourd’hui, les discours des feinteurs,
hypocrites et opportunistes, sur la décentralisation, le cadet de leurs soucis depuis 1987 !

Il n’y a de décentralisation effective que dans l’autonomie des régions, consacrée par le
Fédéralisme, libérateur des énergies et garant de paix sociale et civile. Le livre, paru en
Novembre 2009 sous le titre “Le pari d’un espoir pour Haïti”, répond à ces attentes aux
chapitres 5, 6 et 7. Il promeut :



. La paix civile et sociale, par la pose de certains garde-fous (dont la gestion, participative
et solidaire, de proximité: près des yeux près du coeur, on n’est jamais si bien servi que
par soi-même) dans le découpage du pays en 42 Etats (ci-devant les arrondissements)
autonomes. La Paix civile et sociale est le souverain Bien pour tout pays;
. La création d’emplois (970 par Etat), structurellement, dans tout l’espace géographique,
dans le souci de maximiser la déconcentration de la population par la décentralisation et
la déconcentration des institutions et Finances publiques;
. Une invite, ainsi, au retour des cadres dans leurs patelins et des investisseurs dans le pays.




Le schéma décentralisateur et de déconcentration, socle du développement
endogène et décrit dans le livre, prévoit, entre autres, l’édification de:

. 43 Palais des Ministères et 43 complexes administratifs dans leurs voisinage respectif;
. 43 Palais législatifs et 43 Palais de justice;
. 43 Cours supérieures des comptes et 43 Conseils électoraux permanents;


Tous reconnus à leur architecture attestant de la présence de l’Etat.

. 84 lycées classico-techniques; 3 campus universitaires d’Etat, chacun pouvant accueillir
un minimum de 20.000 étudiants, se situant au nord, au centre et au sud du pays;
. 42 hôpitaux d’Etat, à un minimum de 1.000 lits chacun et 136 dispensaires ;
. 42 Banques nationales de crédit et 42 magasins communautaires;
. 3 aéroports internationaux (nord, centre et sud du pays), et de nombreux ports. Rappelons
que les meilleurs en eau profonde sont ceux de Fort-Liberté et du Môle Saint Nicolas.


Le tout construit selon les normes parasismiques.



Le 12 janvier a révélé les tares d’un système sociopolitique qui fait la part belle aux copains-
coquins, néo-colons irresponsables et corrompus. Il convient aux Haïtiens de marquer une pause
de quelques mois et de pouvoir, dans le cadre des Etats généraux ou d’une Conférence nationale,
décider du type d’Etat dans lequel ils aspirent à vivre. Le principe de précaution et le devoir
d’humanité exigent que leur soit donnée l’opportunité de prendre leur destin en mains.

Les Haïtiens sont nombreux à fuir Port-au-Prince. Il est opportun, conjoncturellement dans
l’immédiat, de les fixer dans ces 42 espaces géographiques, en y lançant ces grands chantiers
sus-mentionnés, vu l’ampleur du chômage et les urgences que commandent la fragilité et la
vulnérabilité du pays. Ensuite, par l’adoption du Fédéralisme, ces 42 espaces resteront leurs
lieux de vie, naturellement et structurellement. La construction mentale d’Haïti passe par sa
construction institutionnelle.

Haïti, le Plus Grand Capital pour la Construction Manque au Rendez-Vous

Haïti, le Plus Grand Capital pour la Construction Manque au Rendez-Vous
Par Ray Killick, 21 février 2010
RayHammertonKillick-conscience@yahoo.com

Frappé le 12 janvier 2010 par un séisme dévastateur causant au dernier décompte 217.000 morts et des dégâts matériels évalués jusqu'ici à $14 milliards, Haïti est aujourd'hui plus que jamais dans son histoire un cas qui concerne l'humanité tout entière. C'est tout un monde qui, se soulevant à l'unisson, accueille ce peuple dans ses bras pour une accolade de milliards de dollars d'assistance avec le chant de la présence forte à nos côtés : "We are the world...". Cependant, s'agit-il du premier capital dont Haïti a le plus besoin à ce tournant malheureux d'un bicentenaire d'existence tumultueuse ? N'y a-t-il pas un capital qui fait défaut, et qu'Haïtiens et étrangers n'envisagent point dans leurs discours et leurs comportements ? Le plus grand capital pour la construction d'Haïti est un véritable casse-tête pour la communauté internationale et les Haïtiens. Il est la confiance à investir dans le présent et dans l'avenir. De quoi se compose la confiance ou crédibilité, et qui la possède ?

UNE VALEUR MESURABLE

La communauté internationale ne devrait pas investir dans Préval et sa clique, mais pour éviter la déstabilisation politique et s'assurer certains résultats, celle-là encadre systématiquement le gouvernement de celui-ci avec des leaders et spécialistes étrangers.

Le net résultat d'une telle collaboration forcée qu'imposent les contraintes du moment est une lenteur dans l'exécution des plans et projets. Cette lenteur est le premier coût du manque de crédibilité comme nous l'a enseigné Stephen Covey dans un de ses séminaires sur le leadership d'entreprise, "The Speed of Trust".

Le manque de crédibilité du gouvernement haïtien a également un coût économique en ce sens que l'aide fournie éventuellement n'est pas absorbable par l'économie haïtienne dont le faible écosystème qui est du ressort de la bureaucratie étatique ne répond pas au développement économique. La compétitivité économique que devrait favoriser l'appareil d'État en mettant l'accent sur un cadre réglementaire adéquat et l'élimination d'obstacles inutiles "in doing business" est le cadet de ses soucis. L'État rapace préfère ériger toutes sortes d'alibis bureaucratiques pour torpiller les entrepreneurs imberbes qui s'aventurent en Haïti.

En résumé, la crédibilité peut être mesurée par :

1) La rapidité avec laquelle les réformes institutionnelles et les projets s'exécutent au pays
2) Le nombre d'entrepreneurs qui arrivent et investissent; la qualité et le montant des investissements
3) La quantité d'aide directe de la communauté internationale au gouvernement haïtien sans passer par une tierce partie.
4) etc.

LES QUATRE COMPOSANTES DE LA CRÉDIBILITÉ

Selon Stephen Covey, la crédibilité est comme un arbre qui a des racines et une sève qui le nourrissent. Pour lui, la crédibilité se compose de ces quatre éléments fondamentaux :

1) L'intégrité
2) L'intention ou motivation (agenda)
3) La capacité d'exécution
4) Les résultats

L'intégrité représente les racines de l'arbre crédibilité. Sans elle, la crédibilité meurt rapidement. Quand dans une relation de boss à employé, le boss promet de rémunérer l'employé pour un travail ou service rendu, et qu'il ne tient pas sa parole, agissant plutôt en "mèt dame", c'est dire que son intention fut dès le départ de tricher, et son intégrité se trouve ainsi détruite.

Dans le même ordre d'idées, quand le Groupe des 184 se fait le champion d'une cause sociale qu'il prétend promouvoir à travers un nouveau contrat social et qu'on n'entend plus parler de cette cause après le 29 février 2004, départ d'Aristide, il dévoile ainsi son intention réelle. Le tronc de ce mouvement fut pourri à la base. Et les racines n'y étaient pas.

L'intention est le tronc de l'arbre. Quand un leader politique a un agenda différent de celui qu'il feint de partager avec la communauté internationale et le peuple haïtien, l'arbre de la crédibilité ne peut se soutenir. Et les résultats attendues ne peuvent être que décevants. C'est ce que Roman Jakobson appelle le "defeated expectancy."

Covey fait de l'intégrité et de l'intention les composantes du caractère du leader de l'organisation. Tout initiative de la société civile dépend du caractère de ceux qui la dirigent.

L'auteur de "Seven Habits of Highly Successful People" nous cite l'exemple d'Andy Roddick, le champion de tennis, qui s'approche de son adversaire, Fernando Verdasco, pour lui serrer la main après avoir officiellement gagné le match qui les opposait en mai 2004. Mais voilà qu'en s'approchant de Verdasco, Roddick s'aperçoit soudain que l'impact de la balle de la victoire est à l'extérieur du terrain en terre battue et non à l'intérieur. Roddick se retourne alors vers l'arbitre pour lui dire qu'il n'avait pas gagné le match. La partie est alors relancée, Roddick perd finalement, Verdasco jubile. Cependant, si Roddick perd un match, il gagne pourtant l'estime de ses fans et du monde entier. Qui parmi nous aurait eu le courage de Roddick de rejeter la victoire officielle et choisir la rectitude, la justice ? Roddick a fait preuve d'intégrité.

Le leader d'exécution ne déclare pas son caractère, il le montre en le vivant quotidiennement et surtout dans les moments difficiles. Le leader d'exécution sait que la culture d'exécution n'est pas une expression creuse, car il la vit et fait vivre. Il cultive l'intention honorable et l'intégrité indiscutable. Le leader d'exécution a un comportement spécifique :

1) Il vit dans la transparence. Ce qu'il dit et ce qu'il fait sont pareilles.
2) Il respecte les individus, les institutions
3) Il admet ses erreurs et sait les réparer
4) Il est loyal et cultive des principes pour lesquels il est prêt à tout sacrifier.
5) Il a un style direct qui inspire confiance.

Pour Covey, la deuxième partie de l'arbre de la crédibilité est la compétence. Mais qu'est-ce que la compétence ? Elle se compose selon lui de:

1) La capacité d'exécution
2) Résultats

Une fois qu'on a l'intention déclarée et l'intégrité prouvée, on doit posséder la capacité ou discipline d'exécution pour réaliser les résultats. La maîtrise de la discipline d'exécution permet de vivre une atmosphère qui elle-même facilite le développement du plan stratégique. Ce leader choisit la planification stratégique pour développer des leaders d'exécution comme lui.

Si l'intégrité, l'intention et la capacité d'exécution sont des conditions sine qua non de la crédibilité du leader, de l'État, de la société civile, de l'entreprise privée, la dernière composante de l'arbre de la crédibilité est essentielle. Il s'agit des résultats. On ne peut inspirer la confiance sans accomplir des objectifs qu'on s'était fixés.

QUI POSSÈDE CE CAPITAL À INVESTIR EN HAÏTI ?

Dans la danse des milliards, les esprits survoltés ne pensent plus qu'à leurs poches. La majorité de ceux qui prêchent le changement possèdent la même culture qui a fait la perte de ce pays et fit qu'un tremblement de terre de 7.2 sur Richter ait causé plus de pertes matérielles et de vies humaines que le tsunami de Sumatra (Indonésie) ou d'autres tremblements de terre de la même magnitude.

Le triage qui doit se faire pour assurer une présence haïtienne crédible au timon des affaires pour la gestion responsable de l'édification d'un État-nation moderne représente un casse-tète pour ceux à qui revient cette tâche délicate. Pourtant, il peut être plus facile qu'on ne le pense. Tout dépend de la sagacité et de l'esprit de discernement des décideurs :

1) Où chercher ?
2) Qui chercher ?
3) Comment attirer et retenir les leaders d'exécution ?

Un leader n'est pas nécessairement un manager. Et un manager n'est pas nécessairement un leader. La construction d'Haïti requiert pourtant les deux types. Le leader est celui qui a la capacité de conduire l'État et la nation à réaliser de "grandes choses ensemble". Il doit être un leader d'exécution que j'ai défini en plusieurs occasions depuis les 5 dernières années. On peut d'ailleurs consulter le livre Exécution de Larry Bossidy dont un CEO de coporate America qui l'applique religieusement dira : "On n'a qu'à lire ce livre et l'appliquer." Évidemment, il faut avoir l'intégrité, l'intention et la capacité pour ce faire. Le leader d'exécution n'est pas nécessairement un VP, PDG, ou manager, il est cependant, le type d'individus qui dans une organisation frayent le chemin et conduisent VP, PDG, managers et employés vers des résultats solides avec intégrité.

On retrouve surtout ce type dans l'organisation privée où il a démontré une maturité à affronter la réalité avec des solutions pragmatiques, une vision de la totalité, de nombreuses expertises qui lui confèrent une versatilité et une flexibilité que requiert la tâche haïtienne du moment.

Sous l'égide du leader d'exécution, la bureaucratie étatique ne sera plus une extension de la machine politique d'un gouvernement, d'un président ou d'un premier ministre.

Attirer de tels leaders et les retenir nécessitent de grands sacrifices et une volonté politique de la part des décideurs :

1) Les rémunérer comme on rémunère les grands commis de la communauté internationale
2) Leur donner le champ libre pour travailler sérieusement avec la communauté internationale, le secteur privé haïtien, la république dominicaine, etc., dans l'intérêt du développement du pays et de l'émancipation des masses haïtiennes
3) Assurer leur sécurité personnelle, car le virage décisif vers un terrain neuf jamais exploré depuis 200 ans d'existence va faire de grands mécontents qui se verront obligés de livrer concurrence sur le marché de manière légale, perdre leurs monopoles, payer leurs taxes, observer la loi comme tout autre citoyen et la subir quand ils la violent, etc., pour la première fois.
4) Assurer que leurs besoins négociés soient satisfaits.
5) Leur faire confiance sur la base du mérite dont l'équation est : confiance méritée = intégrité + intention + capacité d'exécution + résultats.
6) Assurer que toute violation des termes négociés est passible de punition allant jusqu'à la prison.
7) Assurer qu'en cas de corruption, tout leader restitue à l'État ce qui lui a été volé et en subir les conséquences.
8) etc.

CRÉDIBILITÉ PLUS CAPITAL FINANCIER

Sans l'investissement initial qu'est la confiance méritée en des leaders d'exécution haïtiens telle que définie par Stephen Covey et reprise ici, les milliards de dollars qui s'envoleront vers Haïti laisseront pour traces, des édifices flambant-neufs, des routes, des ponts, une nouvelle capitale, d'autres infrastructures dans les mêmes mains qui ont fait la perte de ce pays depuis 1804. Aucun plan stratégique ou opérationnel ne peut se matérialiser sans ce capital qu'est la crédibilité.

On ne construit pas en l'absence d'éthique, d'intégrité, avec des intentions faussées dès le départ. La confiance méritée n'est pas la confiance aveugle. Elle est une confiance conditionnelle qui se nourrit avant tout du caractère du leader d'exécution qui lui permet de se tenir debout. La compétence doit être au rendez-vous également, car la capacité d'exécution et les résultats seront déterminants pour l'avenir d'Haïti, déterminants pour jouir de la confiance du peuple haïtien et de la communauté internationale. L'arbre de la crédibilité se reconnaît à la qualité des fruits qu'il produit.

La communauté internationale ne doit pas faire d'Haïti du business as usual. Le moment des grandes décisions est arrivé. Si l'approche est médiocre, on ne fera qu'ajourner le problème haïtien qui sera et demeurera autant le problème des Haïtiens que celui de l'humanité. Les Haïtiens ont une part importante à jouer dans l'édification d'une nouvelle Haïti. Cependant, il faut des Haïtiens crédibles qui soient à la hauteur de leurs interlocuteurs étrangers au timon des affaires. La comédie a assez duré. Il faut désormais tourner la page au moment opportun.





__._,_.___

Sunday, February 21, 2010

Vers Un Port au Prince moderne

Et si on faisait de l'ancienne Port-au-Prince un centre-ville moderne, logeant des batiments construits selon les normes anti-sysmique et cycloniques assorti d'un zonage commercial intelligent.

La situation actuelle met l'état haitien dans une position d'intérêts publiques pour dédommager les propriétaires de Port-au-Prince en vertu du coût du mètre carré non bati.

Une fois les propriétaires dédommagés, l'état haitien, disposant du matériel de CNE (plusieurs dizaines de millions de dollars américains) et des TPTC, des techniciens de ces 2 institutions supportés par quelques firmes privées haitiennes et/ou internationales, pourrait proposer et exécuter un plan d'urbanisation de Port-au-Prince comme centre-ville.

Une petite cerise sur le gateau de la proposition d'urbanisation de Port-au-Prince pourrait être une grande route de bord de mer reliant la nationale 1 à la nationale 2 en évitant le centre ville (depuis Mariani jusquà Titanyen) avec une belle ballade piétonnière qu'on pourrait appeler "Ballade des Indiens".

Ce serait une bonne opération commerciale pour l'Etat dans le sens où il pourrait revendre ces espaces dotés d'infrastructures modernes (routes, électricité, cable optique, canaux d'évacuation des eaux usées, commissariat de police, tribunaux, hopitaux, écoles etc..)

Puis, imaginez le coup fouet qu'on donnerait à l'économie haitienne et régionale comme dirait Mitterand "Ici et maintenant". Une ville à batir. Ce sont les capitaux privés qui vont financer la construction de la ville. L'Etat dispose déjà des moyens pour construire les infrastructures. L'Etat peut emprunter le liquide qu'il lui faut, soit directement de l'industrie bancaire soit en emettant des bons remboursables après la fin des travaux d'infrastructures.

Naturellement, il faut, parallèlement, penser à construire les autres villes du pays pour éviter de faire de P-au-P une autre république. Il faut, absolument, offrir à nos compatriotes, de retour dans les province, les moyens d'y rester.

Voilà une initiative que des haitiens seraient en droit d'attendre de ses leaders (publics et privés) pour ne pas continuer à se faire insulter plus de 200 ans après les exploits impardonnables de leurs ancêtres.

Maintenant parlons peu mais parlons bien. Qu'en pensez-vous?

Wednesday, February 17, 2010

Haïti : des milliards et après ? par Nesmy Manigat

Peu de catastrophes ont soulevé un tel élan de solidarité et de millions collectés en moins d'un mois. Les agences de coopération internationale, les ONG et les fondations tout comme les particuliers ont largement mobilisé des fonds suite au séisme du 12 janvier en Haïti. Cet appel aux dons a été soutenu par une forte mobilisation de la presse internationale. Face à ce vaste élan, une question demeure pour les Haïtiens. Comment la communauté internationale va-t-elle s'organiser, avec les Haïtiens, pour garantir une utilisation optimale des fonds collectés ? Une question d'autant plus importante pour les organisations qui n'étaient pas présentes en Haïti avant le séisme. Un enjeu auquel ont déjà été confrontés certains des acteurs intervenus dans l'urgence.


Les faits "La France doit aider les Haïtiens à reprendre le contrôle de leur destin"

Les faits René Préval refuse d'ouvrir le débat sur le passé colonial
Tandis que l'impatience de la population augmente à quelques mois de la saison cyclonique, il devient urgent de répondre à cette question pourtant simple : à quoi serviront ces millions collectés au nom d'Haïti ? Au-delà de l'obligation de rendre compte, il s'agit de rétablir la confiance et la connexion avec cette population désenchantée. Les Haïtiens ont du mal à croire que cette fois, en plus des solutions immédiates de l'urgence, un véritable projet de développement compris et soutenu par une majorité d'entre eux émergera. Il est évident que les gens réclament tout de suite des médicaments, de la nourriture et des tentes. Mais il est aussi évident qu'ils veulent également un travail dans un pays stable, pour pouvoir "se reconstruire".

En réalité, avant le tremblement de terre du 12 janvier, Haïti était encore le théâtre de plusieurs chantiers de reconstruction "post-désastre" inachevés, voire oubliés. Pour mémoire, la ville des Gonaïves, qui a subi les graves conséquences des cyclones Fay, Gustav, Hanna et Ike (2008) est encore proche d'une situation apocalyptique. Les dix mille maisons détruites ou endommagées sont encore bien visibles dans cette ville pratiquement en ruine et ses habitants se sont appauvris. Il en est de même pour les habitants de la localité de Fonds-Verettes, détruite par des pluies torrentielles en mai 2004. Ils continuent d'errer dans un village fantôme car peu a été fait depuis pour les reloger. Ces populations ont très peu d'informations sur les montants collectés en leur nom, sur les dépenses publiques des gouvernements qui se sont succédé depuis, sur les projets en cours ou arrêtés et sur ce qu'ils sont encore en droit d'espérer.

Haïti a connu récemment d'autres décisions de la communauté internationale dont les résultats sont plus que mitigés. On se souvient de l'embargo économique de 1991, imposé par les "pays amis d'Haïti" pour restaurer la démocratie suite au coup d'Etat militaire qui a renversé le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide. Cette solution, à l'époque, a fini par tuer un secteur économique déjà très affaibli et fait baisser le niveau de certains indicateurs de développement. Depuis cette période, une "économie de l'humanitaire" s'est substituée peu à peu à l'économie "réelle", d'initiative privée. En 1994, il ne restait plus que 400 emplois dans les zones franches, sur les quelque 33 000 de toute l'industrie d'assemblage. Cet embargo de trois ans a aussi affaibli les structures de l'Etat central et local car tous les projets de la coopération internationale furent confiés au système des Nations unies et aux ONG internationales. Aujourd'hui, cette multitude d'ONG, de fondations, d'agences internationales intervenant en Haïti doivent tout faire pour éviter la guerre de territoires, d'idéologies et de modèles de développement.

Dans un contexte socio-économique déjà fragile, la communauté internationale a peu de marge de manœuvre et n'a pas droit à l'erreur. Deux premiers ministres haïtiens en ont fait les frais au cours de ces trois dernières années et ont dû quitter leur poste, l'un sous la pression de la rue, l'autre sous celle du Parlement. Aujourd'hui, à la nécessité d'une bonne coordination s'ajoute celle de l'imagination pour élaborer des solutions novatrices qui vont au-delà de l'urgence. Certes, il n'y a pas de solution miracle pour la reconstruction, mais les millions de dons devraient servir prioritairement à renforcer les capacités du pays (Etat et société civile) ainsi qu'à mieux anticiper et gérer les risques et désastres. L'autre défi important, qui attend la société haïtienne et la coopération internationale, est celui de la création d'emplois, ce qui nécessite un afflux massif d'investissements privés en dehors de l'aide humanitaire et de l'aide publique au développement. Quant aux investissements dans les secteurs sociaux, en particulier dans l'éducation et la santé, il faudra un saut qualitatif important pour qu'Haïti rejoigne, au moins, les standards moyens des pays de la Caraïbe. Enfin, tous ces défis ne pourront être relevés sans la mobilisation de la communauté haïtienne expatriée.

Peu importent les priorités à retenir. Face à l'impatience qui augmente, le gouvernement haïtien et la coopération internationale sont confrontés à un défi majeur : communiquer et rendre compte en temps réel des efforts en cours et de toute la stratégie dite "de reconstruction". Il s'agit d'envoyer à la population haïtienne un signal fort : cette fois, ce ne sera pas comme les autres fois. Ce sera un pas décisif vers la modernisation de ce pays.

Nesmy Manigat est directeur Amérique Latine-Caraïbes de l'ONG Aide et Action.

Saturday, February 13, 2010

Grandes puissances, classe politique et catastrophes naturelles

Par Christophe Wargny *
Publication simultanée dans le Monde Diplomatique de février 2010 [1] et sur AlterPresse
Le séisme qui a frappé Haïti aurait tué près de cent cinquante mille personnes [2] et jeté plus d’un million de réfugiés dans les rues et les rares espaces vierges de constructions. Haïti, une histoire habitée de fléaux. Pas aussi naturels qu’il y paraît. Un gros orage peut y faire mourir plusieurs personnes et isoler un quartier. Détruire, à Pétionville, une école et ensevelir cinquante enfants. Submerger un ferry de quatre cents places, lors d’une tempête modeste, noyant plus d’un millier de passagers [3]. Un cyclone y fait des centaines de morts ; le même tue quatre ou cinq personnes à Cuba ou en Floride.
Le pays a connu en 2008 quatre ouragans, qui ont notamment englouti la ville des Gonaïves, déjà frappée en 2004. L’Etat, chaque fois, s’est montré déficient, inerte ou corrompu. Un Etat qui compte sur les organisations non gouvernementales (ONG) pour assurer le minimum social et sur les Eglises, pentecôtistes et autres, pour garantir la résignation. Un Etat champion de la sobriété. Parmi les cent pays les plus peuplés du monde, il est celui qui, en 2003, dépensait le moins pour les services publics. Haïti, champion de la rigueur sociale ! Les mots et les images disent à quel point cette carence pèse.
Haïti s’enfonce depuis longtemps dans un désastre écologique. L’érosion généralisée donne aux campagnes un aspect lunaire, transformant toute averse tropicale en lessivage torrentiel. Les autorités, qui ne font autorité sur rien, sont au mieux spectatrices inconscientes ou impuissantes d’un univers comateux. La tectonique, qui ne s’était pas manifestée depuis près de deux siècles, vient ajouter une dimension apocalyptique au chaos urbain. Avant le 12 janvier 2010, Port-au-Prince, dont la population a décuplé en un demi-siècle, n’était déjà plus une ville, mais un agglomérat de quartiers sans équipements où s’entassent deux cents nouveaux habitants chaque jour. Avec pour unique règle d’urbanisme l’absence de règles. Squats partout. Les mauvais matériaux s’achètent aussi facilement que les dérogations. On construit dans les ravines. Les bidonvilles s’installent sur des pentes à plus de 50 % ou sur les polders d’ordures, en bord de mer. L’extrême pauvreté des trois quarts des Haïtiens leur interdit tout investissement dans l’habitat.
Catastrophe naturelle ? A demi. La faute au peuple haïtien ? Sûrement pas. La fatalité ? Trop facile. La malé­diction ? Peut-être. Mais laquelle ? Venue d’où ? De loin, de très loin. Haïti continue à payer, au prix fort, les conséquences de sa naissance. Le moins qu’on puisse dire est que son avènement, entre 1802 et 1804, n’était pas souhaité. Faute de tuer le nouveau-né, les pays occidentaux, la France de Napoléon Bonaparte en tête, ont tenté d’étouffer l’enfant adultérin de la Révolution française. Le pays connut alors la pire saignée de son histoire, pire encore que celle de 2010 : celle de la guerre d’indépendance. Haïti, seule révolte d’esclaves qui ait accouché d’un Etat, est né du rejet du colonisateur français. Crime de lèse-majesté du Nord.
La France ne pouvait accepter pareille défaite, inadmissible accroc à la légende napoléonienne... et au commerce extérieur national : Saint-Domingue était considérée en 1789 comme la plus riche colonie, productrice de la moitié du sucre mondial. L’Europe du XIXe siècle, qui allait coloniser la moitié du monde, ne pouvait tolérer pareille émancipation. Quant aux Etats-Unis naissants, pays de propriétaires d’esclaves, comment pouvaient-ils accepter à leurs portes une telle nation ? Pour les uns et les autres, une seule solution : l’occultation. Rayer Haïti des mémoires. Lui interdire d’exister.
Opération réussie, grâce à la complicité des élites haïtiennes. Qui acceptèrent en 1825 de payer la France pour qu’elle « octroie » l’indépendance. Une somme gigantesque destinée à indemniser les colons [4] ! Une rançon qui obéra pour longtemps tout investissement. Les signataires n’y gagnèrent pas en considération. Haïti n’y récolta que quarante lustres de quarantaine, interrompus par les appétits intacts du vieux colonialisme européen et du jeune impérialisme yankee. Apothéose de 1915 à 1934 : vingt ans d’occupation américaine, l’introduction d’un modèle économique inadapté... et des milliers de victimes. Première tutelle.
Avec la longue dictature de François puis Jean-Claude Duvalier (1957-1986), trente ans et trente mille morts, le pays s’habitue à une violence qui structure la société politique. Pour Washington comme pour Paris, l’anticommunisme militant, à quelques encablures de Cuba, valait bien qu’on fermât les yeux sur les droits humains et le détournement de l’aide au profit d’un clan. Il est des terreaux sur lesquels les catastrophes naturelles poussent plus sûrement. La fuite des cerveaux, commencée sous Duvalier, n’a jamais cessé. Et risque de s’amplifier à présent, entravant tout décollage.
Malédiction ? Fatalité ? La tectonique d’ici, c’est d’abord la misère indigne conjuguée aux inégalités indécentes ou à l’arrogance obscène de l’oligarchie locale. Les uns et les autres se penchent sur le malade depuis des décennies, après l’avoir empoisonné trois siècles durant. Médicaments préférés : l’ouverture des marchés qui ruine l’agriculture locale, les plans d’ajustement structurel qui découragent les investissements sociaux, le dialogue quasi exclusif avec la classe dominante. Celle qu’on appelle à Washington même morally repugnant elite – l’« élite moralement répugnante » [5].
Haïti a connu en 2009 un long mou-vement social, le premier depuis long­temps. La revendication d’un salaire minimum quotidien de 200 gourdes – 3,50 euros [6] – dans un pays où les trois quarts de la population disposent de moins de 1,50 euro par jour. Le président René Préval, soucieux de préserver l’intérêt des investisseurs, a jugé que c’était trop. L’année précédente, son gouvernement avait laissé monter le prix du riz et de l’huile, provoquant des émeutes de la faim et une longue crise politique à l’origine d’un retard de l’aide extérieure. La nomination en 2008, comme première ministre, de Mme Michèle Pierre-Louis, honnête et énergique, mais sans base partisane, suscita une solide adhésion de l’intelligentsia et d’une partie du mou­vement social. Tout à la préparation d’échéances électorales majeures pour 2010, M. Préval a préféré se débarrasser d’elle.
Près de deux millions d’Haïtiens émargent au Programme alimentaire mondial (PAM). La croissance économique étant en général inférieure à l’accroissement démographique, le produit intérieur brut par habitant n’a cessé de baisser depuis vingt ans. L’aide internationale constitue la moitié des recettes de l’Etat. Avec l’argent de la drogue et celui venu de la diaspora (trois fois le budget de l’Etat !), tous deux en baisse en 2009, crise oblige, ce sont les trois apports essentiels d’une économie aussi moribonde qu’informelle. Contractée pour l’essentiel par M. Jean-Claude Duvalier, la dette a été en partie placée sur des comptes européens. On annonce sans cesse depuis deux ans l’« éligibilité » d’Haïti à son extinction. Près de 1 milliard de dollars reste exigé [7]. La Banque mondiale a suspendu les remboursements dus et « travaille à l’annulation totale ». Travaille dur, on n’en doute pas.
Prompte et massive, l’intervention humanitaire consécutive au séisme du 12 janvier s’accompagne d’une occupation militaire tout aussi rapide et puissante. La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), lourdement frappée dans son personnel dirigeant, est présente depuis 2004. Le principal contingent est brésilien. Sa mission ? Restaurer les fonctions régaliennes de l’Etat. Bilan mitigé : élections réussies, affaiblissement des gangs, police en cours de reconstruction, lente éducation aux droits humains, prisons infréquentables, justice aléatoire. Quand s’effondrent les symboles de l’Etat – palais présidentiel, ministères, cours de justice, etc. –, on oublie que leur efficacité était proche de zéro. On a beaucoup glosé sur le pénitencier national et ses quatre mille locataires en fuite, dangereux bandits qui allaient aggraver une insécurité très exagérée. En fait, plus de 80 % sont des prévenus qui n’ont pas d’avocat et qui ne voient jamais de juge !
En envoyant quatre mille six cents hommes au sol et en en mobilisant dix mille en mer, pour les appuyer, les Etats-Unis disposent sur place d’une force supérieurement outillée, quantitativement égale à celle de la Minustah. Le président Barack Obama s’est montré particulièrement réactif face au défi humanitaire et à des autorités haïtiennes dépassées, utilisant à fond l’énorme machine logistique que son pays est seul à posséder. Même si, sur le terrain, des bavures manifestent l’arrogance ou une volonté, par ailleurs proclamée, d’assurer la direction des opérations. Cette intervention militaire est la troisième en seize ans. Les précédentes, en un siècle d’immixtion permanente, n’ont rien résolu.
En 1994, après trois ans d’embargo inefficace – mais déstabilisateur pour la fragile économie haïtienne – contre les putschistes qui avaient renversé le chef de l’Etat Jean-Bertrand Aristide [8], vingt mille GI débarquent pour en finir avec la junte du général Raoul Cédras, qu’un froncement de sourcil aurait suffi à chasser. Le président William Clinton rétablit M. Aristide, que le gouvernement de M. George Bush père et la Central Intelligence Agency (CIA) avaient contribué à renverser. Deux réflexes guident notamment les troupes américaines : établir un cordon de protection des quartiers résidentiels de Pétionville et transférer en lieu sûr une partie des archives haïtiennes, ainsi soustraites à toute investigation. En 1995, le relais militaire est cédé à la Mission des Nations unies en Haïti (Minuha). Dix ans plus tard, nouvelle intervention de Washington, avec le concours de Paris. Il s’agit cette fois d’en finir avec M. Aristide, sa dérive despotique et le risque d’affrontement entre bandes armées. C’est la Minustah, sans ­Américains, mais à dominante latino- américaine, qui succède à la force d’invasion. Avant l’élection de M. Préval en 2006, le gouvernement provisoire de M. Gérard Latortue est imposé par les Occidentaux. Tout aussi vénal, clientéliste et calamiteux que ses devanciers. Revanchard de surcroît. Même si on veut la croire réelle chez M. Obama, la dimension humaniste n’interdit pas de rappeler la constance de la politique américaine dans l’arc caraïbe. La doctrine Monroe – l’Amérique aux Américains – s’y applique avec plus de zèle que dans le reste de l’« hémisphère ouest ». Toute agitation à mille kilomètres de Miami, et à proximité de Cuba, est vécue comme dangereuse. Tout effondrement d’Haïti, quelle qu’en soit la cause, peut engendrer un afflux incontrôlé de réfugiés – une des dimensions qui décidèrent M. Clinton à intervenir en 1994. L’ancien président crut aussi y trouver un facile succès de politique extérieure. S’agit-il de la même appréciation ? Ou les Etats-Unis soutiendraient-ils, pour la première fois de leur histoire, la renaissance d’un voisin, paradigme de l’injustice qu’ils ont contribué à alimenter.
La mobilisation internationale va- t-elle continuer à soutenir le courage et la solidarité des Haïtiens ? La machine médiatique est par nature versatile, les sommes à mobiliser considérables. Qui va assurer la direction des opérations ? Les Etats-Unis ? L’Organisation des Nations unies (ONU) ? Une organisation nouvelle spécialement dédiée à ce type de cataclysme qui transformerait Haïti en « pupille de l’humanité », comme le propose le philosophe Régis Debray au nom de la fraternité [9] ? Pour sortir du « surplace existentiel [10] ». Logique d’avenir, contrepartie de la violence passée exercée par la France et par les Etats-Unis sur la patrie de Toussaint Louverture ? Comment ouvrir grandes les frontières aux Haïtiens ? Fixer en province cet exode d’une capitale hypertrophiée ? Comment enfin donner toute leur place aux Haïtiens et pas toujours aux mêmes ? Inclure ceux d’en bas, toujours humiliés, et ceux de la diaspora, forts de leurs compétences. Révolutionner les mentalités. Comment métamorphoser l’Etat flibustier en stratège et en protecteur ?
Etats-Unis, République dominicaine, Canada, France sont dans l’ordre les principales terres d’accueil de la diaspora haïtienne. Le Brésil et la Caraïbe sont impliqués depuis longtemps, l’Union européenne est un bailleur majeur. Quels que soient leurs projets, nul plan ne rebâtira le pays s’il ne repose sur tous les compartiments de la société haïtienne. S’il ne se souvient que le sinistre à réparer ne date pas du séisme de 2010. Et que l’urbanisme n’en est qu’une dimension.
Reconstruire Port-au-Prince et ses environs, ou construire Haïti ?
……………………..
* Auteur des ouvrages « Haïti n’existe pas. 1804-2004 : deux cents ans de solitude » et « Les Esclavages, du XVIe siècle à nos jours », tous deux parus aux éditions Autrement, Paris, 2008.
[1] www.monde-diplomatique.fr
[2] NDLR : Dernier bilan provisoire : plus de 200.000 morts
[3] Du naufrage du Neptune en 1993 aux dizaines de boat people noyés en 2009.
[4] Théoriquement payable en cinq annuités, même avec sa réduction à 90 millions de francs en 1838, la dette s’éteint en 1883, les ultimes agios courant encore au début du XXe siècle.
[5] L’expression vient du New York Times, dans les années 1980.
[6] Non applicable à la grande masse des employés de maison. Il est actuellement de 120 gourdes.
[7] Principaux prêteurs, dans l’ordre décroissant : Banque interaméricaine de développement (BID), Fonds monétaire international (FMI), Venezuela, Taïwan, Banque mondiale. Par la voix de M. Domi-nique Strauss-Kahn, son directeur général, le FMI vient d’annoncer qu’il suspendait le remboursement de la dette... pour cinq ans, et prône un plan Marshall. Le 25 janvier, le Venezuela a annoncé son annulation.
[8] Premier président démocratiquement élu, en 1990, avec 67,5 % des voix.
[9] Le Monde, 20 janvier 2010.
[10] René Depestre, « Adresse aux Haïtiens d’aujour­d’hui », Le Monde diplomatique, avril 2004.

Fact check: Haiti by the numbersBy Emma Lacey-Bordeaux and Ninette Sosa, CNN

By Emma Lacey-Bordeaux and Ninette Sosa, CNN
February 12, 2010 7:00 p.m. EST

Red Cross volunteer Winnie Romeril at a refugee camp in Port-au-Prince, Haiti.STORY HIGHLIGHTS
More than 212,000 people believed killed in earthquake
Hundreds of aid agencies were registered to work in Haiti before quake struck
About 5,000 schools destroyed or damaged in quake

RELATED TOPICS
Haiti
UNICEF
United Nations World Food Programme
(CNN) -- Friday marks the passage of one month since a magnitude-7.0 earthquake devastated Haiti. As thousands of Haitians gathered in the center of Port-au-Prince to remember what was lost that day, Ann Veneman, executive director of UNICEF, spoke to CNN's "American Morning" about the situation.

"We don't know how many actually were orphaned by the earthquake. There are so many children in Haiti without parental supervision who need to be cared for, who need to be fed, clothed and so forth and protected," she said.

Tracking down the actual numbers in Haiti can be tough given the circumstances.

Fact check: One month after the earthquake, what numbers are available to tell the story of devastation and recovery?

• Human toll: The Haitian government says the quake claimed the lives of more than 212,000 people and injured more than 300,000. The U.S. Agency for International Development estimates that 3 million people were affected by the quake and 700,000 in Port-au-Prince were displaced.

• Aid agencies: The U.N. Office for the Coordination of Humanitarian Affairs says that more than 400 agencies were registered with the Haitian government to do work in Haiti before the quake. Because some of the non-governmental organizations are small and work in remote, rural areas, their presence may not even be known to the Haitian government.

• Aid given: According to the U.N. humanitarian affairs office, more than 2.3 million people have received food aid from the World Food Programme and their partners, and more than 10,300 mosquito nets, 23,000 family tents, 26,500 kitchen sets and 79,500 blankets have been distributed.

• Sanitation: The World Health Organization estimated this week that less than 5 percent of the need for latrines has been meet. However, there has not been an increase in reported infectious diseases. More than 900,000 people have access to safe drinking water, but that still falls short of the goal of providing water to 1.1 million.

• Children: About 5,000 schools were destroyed or damaged in the quake. According to the U.N. humanitarian affairs office, the Haitian government aims to have all schools open again before the end of March.

Kathleen Strottman, executive director of the Congressional Coalition on Adoption Institute, estimates that there were more than 900 orphans in the process of being adopted into American homes when the quake struck.

Bottom line: One month after the most devastating earthquake in Haiti's history, the available numbers show a nation with great needs. However, the numbers also show that aid is reaching a large percentage of the people.

Got something that needs checking? E-mail us at factcheck@cnn.com.

Some Reflections for a New Haiti after January 12, 2010

Some Reflections for a New Haiti after January 12, 2010




As a baby survivor of one of Haiti’s main hurricanes, Flora, that badly hit certain parts of Haiti many years ago, I can understand what’s going on in the mind of today’s survivors who have witnessed the catastrophic results of this terrible quake… Not a gift at all for Haiti in the second week of the second millennium of the 21st century; it has brought over 200,000 deaths. Survivors witnessed the death of their loved ones for days and could not burry them properly. They witnessed the collapse of their houses, the loss of their possessions, the burial of their friends and relatives under concrete rubbles for many days where they did not have any means or get any help to pull them out, even their dead bodies in order to take a last look at them. Most of them could not get the immediate help badly needed from first-aid workers. Most of all, Haitians (in Haiti and abroad) could see a clear picture of the absence of leadership in Haiti to save thousands of lives on time and the lack of preparation of the Haitian government to come to the nation’s aid in time of crisis.

After each time a great crisis occurs in Haiti, many critics talk about “a new beginning” for the country. Will there be a new beginning for Haiti after January 12, 2010? Is this a wake-up call for all Haitians? Hello, everyone! Hello, all leaders! Hello, all those who will become leaders! Hello, those who were in power during the time of this catastrophe! Hello, those who were powerless during the quake and who survive? Hello, all survivors of this terrible seism!

Before going further, in my reflections, I would like to thank the international community for thinking of Haiti, all foreigners, and compatriots who have been helping, one way or another, during this greatest disaster that my homeland, Haiti, has ever experienced before. Tears can’t stop coming from my eyes upon seeing the horrific images of this earthquake on television and while reading horrible stories related to it.

This seism of such a high magnitude (of 7.3) has hurt all of us, Haitians, deeply. It also hurt the whole world, particularly when looking at a country that is already in a state of chaos for over 200 years after its independence, one that has been ruined by the absence of leadership (at all levels), absence of agriculture (something essential for it’s development), bad management, careless leaders, corrupted leaders, corruptions, coups, crimes, destruction of the environment, dictatorships, disease, drought, fighting to ascend to power, hunger, illiteracy, inexistence of infrastructure (at all levels), kidnapping, lack of care (at all levels), long-term (political) eradication, natural catastrophes, no future planning for the country, pillage of the country’s funds, political turmoil (since 200 years), selfishness, too much talking and no acting, underdevelopment, unsupervised construction throughout the country, violence… It’s a particular moment for of all of us, Haitians, everywhere to take a minute to reflect on these main problems that our country has been facing, a moment for self-criticism.

Many of us, who are following closely the effects of this catastrophe, notice first the absence of leadership in term of anticipation (there was nothing prepared on the spot to help facing any disaster: whether it’s big hurricanes, heavy wind, rain, tsunami, and this terrible quake).

A question that we may ask: is it “money” that Haiti really doesn’t have to provide itself the minimum of what it needs in such a catastrophic situation (e.g. ambulances, shelters, fire trucks, first-aid workers on the spot, etc.)?

Have our so-called leaders ever thought of creating what is called “back-up” where a city would come to the help of another in case of any disaster? For instance, Cape-Haitian (the second largest city), Cayes (the third largest city) etc. could help Port-au-Prince as back-up (to send first-aid workers, policemen, guards, firemen, potable water, food, etc.).

If the Haitian governments thought of these backups, they would not have to patiently wait for the international community to bring some tools to pull people under the rubbles. Many thousand lives could have been saved if the Haitian volunteers who were helping days and night have found these tools. There were people still alive (by miracle) after a week under the heavy concrete rubbles. We can think of their agony if we were in their situation.

Friends, the time has come to stop being political fanatics, to stop rushing to applaud bandits who are strutting around in power while Port-au-Prince does not even have four ambulances, while Port-au-Prince doesn’t even have four fire trucks, while Port-au-Prince doesn’t even have a mobile hospital in case of any disaster.

The blow is hard for us, it hurt us in our bone marrow, but at the same time it’s a wake-up call for every single Haitian who has been sleeping. It’s a wake-up call for every Haitian leader to learn how to think. It’s a wake-up call for every leader to start thinking for real to help decentralizing the country. Yes, decentralization is something very important to think of because, if the country was decentralized, we’d not have all these people losing their lives in Port-au-Prince, we’d not have all the loss of materials (at all levels), and all that were part of the country’s national heritage.

The very same week of the tragedy, we have seen an exodus of survivors from the defunct capital, Port-au-Prince (severely hit), to the provinces or to the country (a safer environment for the people and where they don’t have to worry too much about getting something to eat the little it may be and have access to water even if they have to boil it before drinking it). Does this particular migration ring the leaders’ bell at all and us, observers? Does it tell them anything important in the future construction of a new Haiti? Does it tell them the importance of creating infrastructure throughout the country by not just concentrating on the capital?

By infrastructure, we mean the construction of good and main roads connecting the entire country (particularly the 10 political divisions of Haiti called depatman) in order to facilitate communication and development, good public schools free for everyone (to fight illiteracy), state schools that can also be used at the same time as shelters in case of other natural disasters that have been constantly hitting the country, electricity everywhere for everyone on a twenty-four hour basis, access to potable water everywhere for everyone, well-equipped medical centers everywhere for everyone, creation of centers to train first-aid people, creation of centers for disasters, and most of all, using Fridays as a particular school day to give students a “practical education” to help themselves and to be helpful to the country in time of need.

To conclude, this idea of a ‘practical education’ that should be part of Haiti’s Schools Curriculum, one that’s quite important for the country’s basic needs and development. We see the following: organizing fieldtrips throughout the country with students (so that they can become sensitive toward the country’s problems) and fieldtrips to the neighboring Dominican Republic (to compare and contrast the twin republics, to see with their naked eyes what exists and doesn’t in the two countries; teaching them a foreign and a regional language : be it Dutch – English – French – Portuguese – Spanish … the main languages of the Americas (to become interpreters and translators in order to ease communication among our neighbors and other people in the world); teaching them a trade (whatever it may be, it will be beneficial to them); teaching them computer skills (the internet has been playing such a great role in connecting Haiti with the rest of the world and in connecting Haiti with her economic backbone, the Haitian Diaspora, and particularly in communicating with Haiti during this catastrophic period); teaching them different skills (of which they can make a living tomorrow and use them to help their community); teaching them first-aid skills (so that they can be helpful to the population in time of crisis); teaching them how to swim (so that they can save their lives and someone’s life who can’t swim); teaching them how to be good leaders (because the new Haiti will need that), teaching them how to become technicians at all levels (because Haiti lacks technicians at all levels to make her moving forward) so that tomorrow they’ll be able to use these skills to help the country in return; teaching them how to work on micro projects by small groups (because self-centeredness has contributed only to Haiti’s underdevelopment); teaching them how to drive a car – a truck – a tractor (because we saw many victims who lost their lives recently because they were unable to be transported on time to few places to get first-aid); teaching them how to ride a bike – a motorcycle (as an easy and inexpensive means of transportation to help others in time of crisis); teaching them how to plant trees (because deforestation has been one of Haiti’s main problems) and how to farm (because the population needs food all the time and they have to get it from abroad most of the time); teaching them how to protect the environment (because it’s so important to them); teaching them how to provide for their community (because tomorrow they won’t have to wait for days, weeks, months, and even years for little help from others (particularly in time of great need); teaching them how tame animals like horses, mules, donkeys, bulls (to be able to ride them and use them as means of transportation in certain remote areas of the country where they are already in use for transportation and to help farmers; training them at all levels to help their country (particularly in time of great need). Shouldn’t this type of education be part of the national school curriculum in the New Haiti (after January 12, 2010)? Isn’t it the best way to teach Civics to Haitian youngsters to love and serve their country? Let’s work hand in hand for the reconstruction of a new Haiti!



E. W. Védrine Publications & Online Creole Publications
e_vedrine@hotmail.com, e_vedrine@yahoo.com

New ways to do it in Haiti

Une vision construite et agencée du long terme



Pour répondre à la nécessité d'une vision à long terme pour le développement économique, social, politique, scientifique et technologique de la nation, un groupe d’Haïtiens a décidé de publier un travail collectif qu’il offre aux partis politiques et à la société civile.



Le comité de Pilotage du Plan Stratégique de Sauvetage National définit les perspectives pour 2035. Il indique ce qu'il faut faire et comment s'y prendre pour légitimer et moderniser l'Etat, décentraliser et déconcentrer le pays, assurer le développement économique, restaurer le capital environnemental et améliorer durablement les conditions de vie de la population.



L'ingénierie adoptée facilite la lecture du texte surtout pour les non initiés en planification du développement. Un style clair, précis et concis a été adopté. La technicisation du document entant qu'œuvre de l'esprit doit faciliter son appropriation par les groupes sociaux, les partis politiques et la société civile. Le pays est doté d'un document stratégique pour négocier avec la COMMUNAUTE INTERNATIONALE afin qu'il puisse sortir de la logique de projet qui l'a appauvri au cours de ces 25 dernières années. Le PSSN est un plan prospectif, il va avoir des plans en cascade/intérimaire détaillé par secteur afin de rythmer et d'animer l'espace-temps générationnel (25 ans). Le repère chronologique du document est (2010- 2035) et le champ spatial de mise en œuvre du PSSN est le territoire national. Le PSSN circonscrit le périmètre de la reconstruction pour ne pas confondre l'effort de modernisation globale du pays au seul et unique effort de reconstruction. Le PSSN prône la démarche de la construction d'Haïti.



Au-delà des questions de réhabilitation et de reconstruction, plusieurs défis attendent Haïti, qui doit se créer de nouvelles opportunités de croissance. Les questions clés auxquelles le pays sera confronté dans les années futures concernent la cohésion nationale et la paix sociale si l’on n’apporte pas des réponses durables aux problèmes du développement économique, de la modernisation de l'Etat et de la décentralisation. La jeunesse de la population peut être un élément pour le développement national, on doit savoir l’utiliser.

La dépendance du pays vis-à-vis des pays étrangers, l'intérêt croissant de la population pour l’émigration, la croissance démographique, le déficit de la balance commerciale, la faible capacité d’absorption et la possibilité de conflits entre les groupes sociaux nous ont porté à prescrire un mode d’emploi pour sortir le pays de la mendicité internationale dans un horizon temporel raisonnable.


Les investissements qu'il va avoir dans la phase de reconstruction et de réhabilitation vont créer certes des emplois et offrir une opportunité de croissance mais les études économiques l'ont prouvé qu'après trois ou quatre ans, la croissance engendrée par le BTP diminue considérablement. C'est pourquoi, dans le plan, pour maintenir l'élan de la croissance induit par les travaux de réhabilitation, nous avons préconisé des réformes institutionnelles, des investissements simultanés dans l'éducation, l'agriculture et dans le champ du développement durable afin d'assurer une croissance extensive dans le pays après que l'effet de réhabilitation aura éteint. Ce qu'on ne doit pas oublier, le taux de retour de l'argent de la reconstruction sera élevé. Il peut aller jusqu'à 75%.


Par ailleurs, le pays n’investit pas suffisamment dans la préparation de l’avenir au regard des ses voisins. Ce faible investissement fragilise à la base le développement économique et social et induit un déséquilibre de la balance commerciale dans divers secteurs. Le pays a aussi des défis à relever en termes de quantité et de qualité de ses centres universitaires et pour ce qui est de l’’attractivité de son territoire.


Ces défis sont intégrés dans la vision future de la politique de développement que le pays doit surmonter dans les 25 prochaines années. Après l’appropriation du Plan Stratégique de Sauvetage National par les Partis politiques et la société civile, une nouvelle autorité ou un nouveau gouvernement mettra en place des plans détaillés à moyen et long terme avec plus de poids sur les secteurs prioritaires en fonction des disponibilités des moyens financiers et humains. Le document est un outil pour la nation dans ses composantes plurielles.

Paris, le 12 février 2010

Guichard Doré

CEFIE-CONSEIL

Hait Today and it true allies

Toute personne noble a une mission qu'elle trouve forcément un jour




Tous les soirs depuis que la terre a tremblé, il apparaît à l'écran. Toujours le même t-shirt noir dont il doit avoir cent exemplaires et d'où saillent ses bras musclés, toujours ces cheveux courts tirant sur le blanc platine, toujours ce regard bleu perçant. À première vue, le Anderson Cooper qui se promène depuis une semaine dans les gravats et la poussière de Port-au-Prince n'est pas très différent de celui qui officie tous les soirs dans le confort chromé du studio new-yorkais de CNN. Pourtant, quelque chose chez lui a changé. Dans la façade lisse de son image est apparue une faille à travers laquelle se sont glissés un soupçon d'émotion, une pincée de compassion, un zeste d'humanité et au moins une tasse de solidarité, toutes choses habituellement refoulées par l'objectivité à laquelle doit tendre tout journaliste sérieux et crédible.

Je nomme Anderson Cooper parce qu'il est le symbole parfait et aussi un peu la caricature du journaliste occidental d'aujourd'hui. Mais en réalité, ce qui arrive à Anderson Cooper, depuis qu'il a débarqué dans les ruines d'Haïti, semble être le lot de tous les autres journalistes qui l'ont rejoint sur le terrain. Une réelle et authentique compassion semble s'être emparée de tous ces reporters tout-terrain, habitués à couvrir des drames en faisant preuve d'une réserve béton et en s'interdisant d'afficher l'ombre d'un parti pris.

Haïti semble avoir brouillé leurs repères et percé le coffre-fort de leur objectivité. Au contact de la souffrance effroyable du peuple haïtien, mais aussi au contact de sa force, de son courage et de sa résilience, la réserve et la pudeur journalistiques ont fondu. Durant toute la semaine, sur tous les réseaux mais aussi dans les textes de mes collègues de La Presse, je n'ai cessé de voir des journalistes prendre fait et cause, s'investir, protester, ne pas se mêler de leurs affaires. Je les ai vus applaudir le bambin souriant qui a survécu miraculeusement, soupirer de soulagement en voyant la vieille édentée chanter en sortant des décombres, retenir leurs larmes devant les larmes des éprouvés.

J'ai vu Anderson Cooper abandonner sa caméra sur un bidon pour porter secours à un jeune ado haïtien ensanglanté. J'ai vu Byron Pitts engueuler des soldats pakistanais qui tiraient sans raison sur la foule. J'ai vu Harry Smith se perdre dans la nuit haïtienne à l'heure du souper et s'émerveiller du semblant de vie qui s'organise. J'ai rarement senti chez les journalistes un tel élan, une telle empathie, un tel débordement émotif.

Le fait que les journalistes soient au coeur d'une tragédie humaine et humanitaire, et non au milieu d'une guerre, y est pour beaucoup. Mais je les ai vus couvrir d'autres catastrophe et cataclysmes, le tsunami en Thaïlande, l'ouragan Katrina, et leur émotion n'était pas aussi palpable qu'elle l'est en ce moment.

Ce qui fait la différence, c'est peut-être la nature même des Haïtiens, leur dignité, leur courage, leur gentillesse et ce sourire qu'ils braquent comme un antidote sur leurs malheurs et qui semble avoir touché les journalistes jusqu'au coeur. Par moments, on a l'impression que dans les ruines d'un pays en miettes, les journalistes viennent de découvrir la force d'un peuple et la puissance de sa culture.

L'important, maintenant, c'est que ça dure malgré les voix qui vont bientôt s'élever pour dire que ça suffit, qu'il n'y a pas qu'Haïti dans la vie, qu'il est temps de tourner la page. L'important, c'est que même si Madonna meurt, sa mort ne vide pas Haïti de ses journalistes pour les précipiter inutilement devant le pas de sa porte. L'important, c'est qu'Anderson, Byron, Céline et les autres restent sur place pour nous rappeler qu'il y a des millions de gens qui souffrent pendant que nous mangeons à notre faim et dormons au chaud. Plus ils resteront, plus ils éloigneront la tentation de passer à un autre appel.

Here in texto the lastest newsletter of G Magloire

Let’s help those who are still sleeping in open-air!





Figure 1: Paul Gustave Magloire

Yesterday evening, it rained over Port-au-Prince. It is the opportunity to say that a misfortune never travels alone. As a result of the earthquake which shook the country last January 12, more than one million of our brothers and sisters are sleeping under the stars, among them children, babies and expectant mothers and old men, the wounded, and amputees by the thousands, as well as the thousands of other people who were already with reduced mobility, or who were handicapped by the seism, by losing either an arm, or a leg, or who may have all their limbs totally broken or fractured. Today they are among the homeless who have taken refuge under shaky roofs in the capital and its suburbs, as well as in the nearby towns of Gréssier, Léogane, Grand-Goâve, Petit-Goâve, and Jacmel, while receiving very little support.

If the intense rain which fell the evening of February 10 is heralding the premature arrival of the rainy season, one has to be rightfully fearful that thousands of people, among the homeless in particular, will be struck very hard by opportunist diseases like dysentery, infections of the skin. To make matters worse, one could forecast the spreading of an outbreak of malaria and pneumonia on a large scale. It will then become the cause of another large wave of victims, in addition to those who lives were not spare soon after the quake.

Thus, we want to once again insist on the urgency to move this population towards places where it can find adequate shelters and care, precisely towards the provincial towns and as such to begin a systematic and organized decentralization process of the country.

Indeed, the task will involve moving several hundred of thousands of people. Here are the various steps, which the government could adopt to that end, while being mindful of a fast execution schedule.

1- It is necessary to quickly put in place a National Coordination Committee made up of the Ministers of the Interior Department, of Public Health, of Justice, of Public Works, of Environment, assisted by the Secretary of State for Public safety. This committee would have the specific mandate to take all the necessary measures to transfer the homeless from the disaster areas to the other areas that have not been affected.

The Coordination committee will ask all the following authorities to be represented, at their highest level, in order to take part in the decisions of the committee. Invited will be members of the embassies of the main countries engaged on the ground in Haiti, the Haitian Red Cross, the various businesses associations of the country, the organizations of the United Nations and the OAS. The decisions adopted by the National Coordination Committee affecting the provinces will be put into execution by the departmental delegates, each one assisted by a respective committee made up of the mayors of the concerned municipalities within their specific jurisdiction.

Indeed one can set up this said Coordination Committee in less than 72 hours.

2- It would be necessary to also create a central information unit whose main role would be to divulge the various decisions that have been adopted. The government will requisition 90 minutes of broadcast time from all the media outlets in the country. The media outlets will be set up into a network, three times per day, for a 30 minute broadcast period in order to reveal information emanating from the central information unit.

3- The Committee must requisition throughout the 10 geographical departments of the country, in all the cities that are not affected directly by the seism, all the buildings that are not housing essential activities, (such as activities of health, safety and any other public service), in order to inventory their capability and to place them at the disposal of the National Coordination Committee. This is a national emergency, which requires an overall mobilization and sacrifices from all of us.

4- At the same time, the Committee will have to start classifying the homeless by sorting them by family, health condition, age group, their place of origin and their place of destination. (Our technicians in statistics and data processing can propose the manner to do this classification very quickly). The destination points will be separated based on the card color and number, which will be assigned to each person, or their representative, who must be moved.

5- The buildings that are requisitioned within the cities targeted to welcome the displaced population will be classified to facilitate the various services that will be allocated to the people arriving in the welcoming towns. The priority will be to find buildings able to adequately house the people and capable to be used as cafeterias and general stores offering products and services at reduced prices, and capable to be used as schools and as recreational centers. The health care centers, just as the public service functions of the city, such as the police force and transportation system will have to be reinforced. The homeless of the capital city will be moved according to the capabilities of the welcoming towns. However, the homeless from the cities like Gréssier, Léogane, Grand-Goâve, Petit-Goâve and Jacmel will be relocated in housing quarters near the cities where they currently reside. The Coordination Committee will have to choose dropping points for the assistance provided by the international aid donors, in order to make sure that the assistance reaches systematically and in sufficient quantity the people that have been displaced.

6- In the case where there would not be sufficient buildings for the housing of the newcomers, the mayor of a welcoming town will be allowed to rent rooms from families or private individuals whose houses have enough space to shelter additional people. In certain cases, to compensate the lack of buildings, the municipality will have to offer a suitable piece of land to install container truck which will be used to accommodate the services offered to the newcomers as well as to the residents of the city, in order to facilitate the mixing of the newcomers into the welcoming community.

7- Upon the arrival of the newcomers to their respective destination city, they will have to be registered at the office of the welcoming committee of the city, set up by the mayor, the delegate representative and a representative of the newcomers group. Each one of them will receive a temporary housing kit prepared by the services of the Haitian Red Cross and a new identification reflecting their place of origin and their place of arrival. Each newcomer will also receive information enabling them to receive assistance adequate enough to ease their burden this initial settlement period and to give them as well a minimum of comfort and dignity.

8- The week after their arrival in their welcoming town, each newcomer or his/her representative will have to take part in an orientation meeting where he/she will be invited to remain definitively in the welcoming community or to prepare to return to his/her place of origin, as soon as the conditions becomes favorable.

9- The people who decide to remain permanently will be trained to find a job or to open a company in their new hometown. And those who prefer to return to their place of origin will be directed towards a temporary job according to their ability and their aptitude.

This operation will complete the emergency help phase. In a preliminary estimate, the operation of displacement of some 500,000 homeless should last a maximum of 6 months and the cost could be around US$30 million, that is to say an average of US$600 per person. This amount would include a support to the displaced over three months. It is the equivalent of the half of the cost of US$60 million for the 200,000 tents being considered by the government, assuming US$300 on average per tent, without taking into account the cost of the problems that will inevitably ensue with the setting up of these refugee camps.

In our proposal, most of the costs will be born locally, because we will call upon the local resources. The unions’ organizations and many of the youth associations are already eager to begin with this project. The $3 million on an average per department will represent a tremendous financial infusion which will be used to kick start the economy in the provincial towns.

During the 6 months of this operation of displacement, the efforts to rehabilitate Port-au-Prince, Gréssier, Léogane, Grand-Goâve and Petit-Goâve and Jacmel, will also be able to continue. In the same way, it would be necessary to use this period of time to plan the construction of 3 regional capital cities, one in the Grand-North, another in the Grand-Centre, and the third in the Grand-South to offer other choices to some of the displaced population who do not wish to return in the overpopulated conditions of Port-au-Prince.

We wish that these measures will be adopted and implemented as quickly as possible. The Head of State, Mr. Rene Préval, has spoken about keeping the homeless close to the place of their initial residence, simply because he finds any and all measures pertaining to decentralization extremely repugnant. He thinks that the government should instead acquire 200,000 tents and create tent cities. In so doing, there would be so many problems with this solution that they are not worth mentioning in this brief presentation. It is certain that, if we continue to follow the way of Mr. Préval, the country will soon become a vast refugee camp.

Moreover, we can say that the government headed by Mr. Préval has not been able so far to show that it could offer even the very minimum of sanitary services in the unplanned camps, which have sprouted on the public places in Port-au-Prince and its suburbs. Then, several reports point out that the quantity of 200,000 tents being mentioned by Mr. Préval is not even currently available anywhere on the market. Furthermore, our dear President does not have money to pay these tents. He made a request for $300 million assistance at the time of his last visit to Latin America. But, we know that he will not have any definitive answer until the April meeting, which is scheduled to be held in the Dominican Republic. Aren’t we quite familiar with the usefulness of April fool dates?

Several scientists agree, without being able to precisely specify the day that Port-au-Prince could still be struck soon by another seism, which could be of a level higher than the one that hit us on January 12. We recognize that a misfortune never travels alone. As such, we must prepare to avoid the worst for our compatriots. Therefore, we must have responsible authorities to be in charge of our motherland, those who are able to take all the appropriate measures to protect people life. We must hope it happen before it is too late for us all.

February 11, 2010

On behalf of the Movement of February 9, 2010

PAUL GUSTAVE MAGLOIRE

Former Minister of the Interior of Haiti

Tuesday, February 2, 2010

A sense of Ratin the International comunuty

Since the deadly Earthquake last Tuesday in Haiti, we have seen tremendous effort within the international community to assist .The Key question is this: Are the assistances have been effectively well coordinated. The answer is no, and each of you would agree with me on that assertion.
1. Numerous NGO’s, International institutions, aids reliefs groups, Military Personals etc on the grounds but all of them concentrate in the only capitol’s devastated airport. Which create traffic and congestion and not facilitate a clear routing of the treatments or aids to those in dire needs.
2. Who’s in charge? Who’s giving orders? Who reports to whom? What have been done so far? What are the plans for the several weeks, months or ….?
Port au Prince has been destroyed no questions about, the city cannot be rebuild while dead bodies on the grounds, no electricity, no communications system. It is Time to deconcentrate

To be more effective, the multiple institutions should set up their Headquarter in nearby areas such as Saint Marc, Duvalierville, Lagonave, Jacmel, Leogane etc.Most of those cities are accessible and not as devastated as Port au Prince. By Helicopter it could take 30 minutes or less to transport injured people and treat successfully. Also it would be a better environment to work for the personals of those institutions.
Moreover, communications companies should relocate in big cities such as cap Haitian, Les Cayes, Jeremie etc in order to provide services to the people in and out of Haiti. It is shameful more than a week since the catastrophe occurred, international organizations and reporters keep using their satellite telephones. The Haitians CEO’s are completely out of touch on how business is conducted in today’s world. Giving the state of this situation, it is clear that rebuilding the Haitian capital is not for tomorrow or next months or years.Therefore, so many pieces are missed in that puzzle we are all watching as the traumas continue to be unfolded to all of us and our friends around the world.However, our gratitude towards those friends constitutes the creed of the mutual sentiment which would never be ended for generation to come