Monday, February 22, 2010

Aux grands maux les grands remèdes. Dr. Webster Pierre, ancien ministre de l’environnement.

Les grands maux.

Les raisons fondamentales de la vulnérabilité et de la fragilité d’Haïti sont de plusieurs ordres :
naturel et physique, politique, socio-économique, institutionnel et légal. Fragilité à mettre au
compte de la majorité des élites irresponsable, corrompue et corruptrice.



. D’ordre naturel et physique.


Les risques de désastres, courus par Haïti, sont liés à sa position géographique et à son histoire
géologique. Entre juin et novembre, ce pays situé dans la zone des cyclones a été maintes fois
frappé par ceux-ci. Ce pays est situé dans une zone sismique entre deux plaques tectoniques, plus
précisément à la frontière entre les plaques des Caraïbes et nord’américaine. La ligne de faille
longue de 300 km, qui traverse Haïti et la République dominicaine, court le long des deux
plaques tectoniques qui coulissent l’une contre l’autre depuis plusieurs millions d’années. En fait
de séisme dévastateur, Haïti n’en avait pas connu de l’importance de celui du 12 janvier, depuis
ceux de 1751 et 1770 (Port-au-Prince, déjà) et celui de1842 qui détruisit la ville du Cap-Haïtien.



Ce fut un séisme de glissement sur un plan horizontal entre deux plaques terrestres et, de ce fait,
plus redoutable. Sa particularité, en fait de l’ampleur des dégâts, n’est pas sa magnitude (7.3)
mais le fait qu’il ait lieu dans une zone très fragile et vulnérable: forte densité de la population,
faiblesse des infrastructures et des moyens de secours….

Les scientifiques sont unanimes dans leur mise en garde contre le risque d’un nouveau séisme
d’importance en Haïti, conséquence du séisme du 12 janvier.



Une équipe de géophysiciens, qui surveille les mouvements le long de la ligne de faille, est venue
sur place à la fin du mois de janvier pour mesurer les changements survenus dans l’écorce
terrestre après le séisme. Une pression croissante s’exerce sur la ligne. La faille qui a rompu n’a
pas rompu entièrement. Les contraintes sismiques n’ont donc pas été relâchées entièrement. Ainsi
on doit s’attendre à un ou plusieurs séisme(s) dévastateur(s) dans les prochains mois ou années.
Ce que confirme l’Institut américain d’études géologiques (USGS).

Les calculs préliminaires de l’équipe de sismologues dirigée par Eric Calais, professeur de
géophysique à l’université Purdue dans l’Indiana, montrent que le séisme du 12 janvier pourrait
être “le petit coup de pouce” capable de déclencher un autre tremblement de terre. Selon Pascal
Bernard et Jean-Pierre Vilotte, chercheurs au laboratoire de sismologie de l’Institut du Globe de
Paris : Le 12 janvier, un seul petit morceau de faille a cédé et dans un an ou quelques dizaines
d’années se produira un séisme de magnitude égale ou supérieure, encore plus proche de Port-
au-Prince. Certes, Haïti est vulnérable et fragile, mais Port-au-Prince l’est encore plus.



. D’ordres politique, socioéconomique, institutionnel et légal. (Voir les chapitres
3 et 4 du livre du Dr.Webster Pierre, paru en novembre 2009: Le pari d’un espoir
pour Haïti).




Les grands remèdes: Changer l’Etat en construisant Haïti sur le modèle du Fédéralisme.



Après le séisme du 12 janvier, rien ne sera plus comme avant. L’écroulement des institutions
d’Etat porte à la méditation (qui a été jamais d’accord pour mettre tous ses oeufs dans un même
panier?) et augure d’une réelle fondation de la nation. L’immensité de la vulnérabilité et de la


fragilité du pays face à l’immensité de l’irresponsabilité, de l’hypocrisie de la majorité des élites
et au caractère endémique de la corruption commande l’urgente nécessité de sa décentralisation
effective. Compatriotes avertis, rejetez avec force, aujourd’hui, les discours des feinteurs,
hypocrites et opportunistes, sur la décentralisation, le cadet de leurs soucis depuis 1987 !

Il n’y a de décentralisation effective que dans l’autonomie des régions, consacrée par le
Fédéralisme, libérateur des énergies et garant de paix sociale et civile. Le livre, paru en
Novembre 2009 sous le titre “Le pari d’un espoir pour Haïti”, répond à ces attentes aux
chapitres 5, 6 et 7. Il promeut :



. La paix civile et sociale, par la pose de certains garde-fous (dont la gestion, participative
et solidaire, de proximité: près des yeux près du coeur, on n’est jamais si bien servi que
par soi-même) dans le découpage du pays en 42 Etats (ci-devant les arrondissements)
autonomes. La Paix civile et sociale est le souverain Bien pour tout pays;
. La création d’emplois (970 par Etat), structurellement, dans tout l’espace géographique,
dans le souci de maximiser la déconcentration de la population par la décentralisation et
la déconcentration des institutions et Finances publiques;
. Une invite, ainsi, au retour des cadres dans leurs patelins et des investisseurs dans le pays.




Le schéma décentralisateur et de déconcentration, socle du développement
endogène et décrit dans le livre, prévoit, entre autres, l’édification de:

. 43 Palais des Ministères et 43 complexes administratifs dans leurs voisinage respectif;
. 43 Palais législatifs et 43 Palais de justice;
. 43 Cours supérieures des comptes et 43 Conseils électoraux permanents;


Tous reconnus à leur architecture attestant de la présence de l’Etat.

. 84 lycées classico-techniques; 3 campus universitaires d’Etat, chacun pouvant accueillir
un minimum de 20.000 étudiants, se situant au nord, au centre et au sud du pays;
. 42 hôpitaux d’Etat, à un minimum de 1.000 lits chacun et 136 dispensaires ;
. 42 Banques nationales de crédit et 42 magasins communautaires;
. 3 aéroports internationaux (nord, centre et sud du pays), et de nombreux ports. Rappelons
que les meilleurs en eau profonde sont ceux de Fort-Liberté et du Môle Saint Nicolas.


Le tout construit selon les normes parasismiques.



Le 12 janvier a révélé les tares d’un système sociopolitique qui fait la part belle aux copains-
coquins, néo-colons irresponsables et corrompus. Il convient aux Haïtiens de marquer une pause
de quelques mois et de pouvoir, dans le cadre des Etats généraux ou d’une Conférence nationale,
décider du type d’Etat dans lequel ils aspirent à vivre. Le principe de précaution et le devoir
d’humanité exigent que leur soit donnée l’opportunité de prendre leur destin en mains.

Les Haïtiens sont nombreux à fuir Port-au-Prince. Il est opportun, conjoncturellement dans
l’immédiat, de les fixer dans ces 42 espaces géographiques, en y lançant ces grands chantiers
sus-mentionnés, vu l’ampleur du chômage et les urgences que commandent la fragilité et la
vulnérabilité du pays. Ensuite, par l’adoption du Fédéralisme, ces 42 espaces resteront leurs
lieux de vie, naturellement et structurellement. La construction mentale d’Haïti passe par sa
construction institutionnelle.

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